jeudi 23 septembre 2010

"...Le drame, c’est que les parents ne sont pas informés. Ni les enseignants, ni les médecins scolaires ne reçoivent une formation sur ces sujets"

"....Une étude réalisée en France sur des enfants en échec scolaire .... Parmi les causes les plus fréquentes, on trouve le déficit de l’attention, l’hyperactivité et des troubles qui relèvent de l’orthophonie, comme la dyslexie. Il existe bien sûr dans l’échec scolaire des causes liées à l’affectif. Mais il y a aussi des causes neurobiologiques et médicales. Le tout est complémentaire. Le drame, c’est que les parents ne sont pas informés. Ni les enseignants, ni les médecins scolaires ne reçoivent une formation sur ces sujets...."

http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/echec-scolaire-systeme-francais-trop-competitif-38601

Echec scolaire : « Le système français est trop compétitif »

INTERVIEW (public sénat) Laurent Berbon Le 22.09.2010.

Alors qu’avait lieu ce mercredi la 3e journée de refus de l’échec scolaire, une enquête révèle que plus de 73% des enfants interrogés « aiment peu, voire pas du tout aller à l'école ou au collège ».
Gabriel Wahl, pédopsychiatre et ancien expert auprès des tribunaux, livre son analyse des raisons de l’échec scolaire en France.

Plusieurs enquêtes démontrent que beaucoup d’élèves font un rejet face à l’école, qui peut parfois devenir une véritable souffrance pour eux. Où tout cela trouve t-il sa source ?

Il y a un système français trop compétitif.

Le travail pédagogique tend à distinguer les bons des mauvais élèves, ce qui peut créer un sentiment de désarroi chez l’élève.

Il existe en France, l’idée qu’un professeur doit être un peu intransigeant et avoir des moyennes relativement modestes pour ne pas être considéré comme laxiste.

On a dans les annales, l’exemple de cette institutrice aux Etats-Unis qui était réputée pour son excellence et dont on a voulu percer les secrets.

On s’est rendu compte qu’elle insufflait à la classe un sentiment de cohésion.

Il y a en France une culture de la sélection. On a un système extrêmement hiérarchisé, y compris dans l’enseignement supérieur. Notre pays, qui a le goût du social et de la méritocratie se montre en la matière d’une sévérité excessive.

Ce système n’est pourtant pas nouveau, alors comment se fait-il qu’il soit tant décrié aujourd’hui ?

Il y a trente ou quarante ans, il n’y avait pas d’étude comparative. Et l’on s’interroge d’autant plus que l’on compare.
Pour être beaucoup plus concret, comme tous les enfants ont accès à l’école aujourd’hui et que les places restent les mêmes, il y a une compétition plus rude.
Il ne suffit plus d’être un bon élève pour réussir, les places sont difficiles à gagner. Et puis il y a une sélection par l’argent.

Prenez les facultés de médecine. Il y a 30 ans, on faisait médecine et puis voilà. Maintenant, ceux qui réussissent sont ceux qui font prépa, ce qui constitue une contrainte financière. Il y a également en France un problème lié à l’absence d’individualisation du suivi de l’enfant.

Une individualisation du suivi impliquerait d’énormes moyens non ?

Nous sommes les champions du redoublement en France. Or, le coût du redoublement, s’il venait à être supprimé, permettrait de faire des prouesses en termes de pédagogie référenciée.

Où se trouvent d’après vous les raisons du problème de l’échec scolaire en France ?
C’est un sujet extrêmement complexe.

On ne peut pas désigner une cause unique. En France, on a une perception de la compréhension de l’échec scolaire centrée sur la sociologie et la politique. Mais mon sentiment est que l’immense majorité des échecs scolaires relève d’une dimension psychiatrique et médicale.

Une étude réalisée en France sur des enfants en échec scolaire a démontré que pour neuf sur dix, les causes étaient d’origine psychologique ou médicale.

Un point de vue récusé par ceux qui ne veulent pas d’une médicalisation de l’échec scolaire.

Parmi les causes les plus fréquentes, on trouve le déficit de l’attention, l’hyperactivité et des troubles qui relèvent de l’orthophonie, comme la dyslexie.

Il existe bien sûr dans l’échec scolaire des causes liées à l’affectif.

Mais il y a aussi des causes neurobiologiques et médicales. Le tout est complémentaire.
Le drame, c’est que les parents ne sont pas informés. Ni les enseignants, ni les médecins scolaires ne reçoivent une formation sur ces sujets.

Il est possible en France d’être en échec scolaire sans que l’enfant ne puisse consulter qui que ce soit sur ce problème.


A mon avis, cette absence de formation sur l’échec scolaire en est une des causes.

Ce qui est grave, c’est que là-dessus se greffe le problème de la ségrégation sociale, car les enfants issus de milieux en difficulté ne vont pas consulter par manque d’information.

Un autre problème majeur réside dans le fait que la France est dans une situation très originale. Elle a une psychiatrie fondée essentiellement sur la psychanalyse. Donc les enfants qui ne relèvent pas de celle-ci, sont laissés de côté.
Le Dr Gabriel Wahl a publié en 2007 "Comprendre et prévenir les échecs scolaires".

Dyslexie: le théâtre rêvé de Léa

« …le système éducatif conventionnel pourrait être axé sur un éventail de compétences inappropriées et récompenserait certains styles d’apprentissage contre-indiqués. Les méthodes d’enseignement traditionnelles pourraient en fait se traduire par l’élimination de ceux qui ont peut-être le plus à donner. " Thomas G. West


Le quotidien, à surpasser chaque jour , pour les jeunes dys!

Dyslexie: le théâtre rêvé de Léa:

Léa a 9 ans. Au cours de géo, elle n’arrête pas de lever le doigt. Elle aime raconter aux autres les voyages qu’elle a faits. Pourtant, à chaque interro, elle rend une copie blanche. Idem lorsque son instituteur lui demande de lire un passage de texte à voix haute.

Voici qu’elle bute sur le mot « déboutonner ». Elle hésite ; est-ce un « d » ou un « b », un « é » ou un « è », un « on », un « ou » ou un « no » ? Sueurs froides. Le mot suivant – « blouson » – est aussi difficile pour elle à décrypter. Dans la classe, quelques rires fusent.Alors, elle se recroqueville ou, parfois, se met à faire le pitre.

Dans la tête de Léa, les choses sont pourtant claires. En géo, comme dans les autres matières, elle comprend tout ce que son instituteur lui raconte. Elle ne présente pas de déficit intellectuel, de troubles psychologiques ou psychiatriques. Simplement elle se sent dépassée dès qu’il s’agit de communiquer par l’écrit. Les lettres sont ses pires ennemies.

Elle rêve d’un monde sans école, et de grandir dans le seul endroit où la parole prévaut : un théâtre et ses planches bienveillantes.

En fait, Léa est dyslexique. Elle éprouve des difficultés persistantes dès qu’il s’agit de lire, dès qu’il s’agit de décoder un mot, de l’évoquer.

Ce trouble spécifique de l’apprentissage s’accompagne très souvent d’un autre : la dysorthographie (inversions dans l’écriture de lettres ou de syllabes, confusions auditives ou visuelles, omissions, erreurs de segmentation).

Ou encore la dysgraphie, trouble affectant le geste graphique, et la dyscalculie.


Histoire recomposée au départ du livre L'Effet dominos "dys", de Roselyne Guilloux, psychologue française, aux éditions La Chenelière.